Les
Mulezi (Petites Bonnes)
Quand on parle des enfants au
travail, on fait souvent allusion à ceux utilisés
dans des firmes, des usines de transformation de
produits agricoles et industriels, l’artisanat,...ou
à ceux qui opèrent dans le secteur informel.
Évidemment, peu s’y retrouvent de leur propre gré.
Certaines circonstances les entraînent souvent à
compter sur eux-mêmes pour assurer leur survie ainsi
que celle des leurs. Parmi les enfants travailleurs,
figurent aussi des fillettes souvent oubliées. Ce
sont ces milliers de jeunes filles utilisées comme «
bonnes » dans des nombreux ménages, aussi bien en
ville que dans les villages. Ces filles sont
appelées « mulezi » (mot signifiant « bonne » ou la
jeune fille qui assure la garde des enfants, en
mashi).
Des origines
coutumières
Les bonnes sont généralement au service d’une grande
sœur, d’une tante, d’un membre de la famille
lointaine. La demande se fait souvent entre femmes.
Une fois convenue, la proposition est faite au père.
Celui-ci ne tarde pas à céder pour, entre autres
raisons, pour sauvegarder les liens familiaux avec
la famille demandeuse. Le moindre refus occasionne
parfois de graves détériorations des relations dans
le clan. Mais les petites bonnes sont également des
enfants sacrifiés par leur famille pour seconder les
mères de famille dans leurs travaux ménagers.
Dans les villages africains, nombreux sont les
ménages qui croient encore que la première fille n’a
pas le droit d’aller à l’école. A sa
naissance, la mère se sent soulagée de trouver une
assistante valable. En effet, dès le très bas âge,
celle-ci remplace la mulezi - si elle en avait une.
Elle s’occupe ainsi des soins de ses petits- frères
et sœurs. Mais également d’autres travaux
domestiques. Adolescente, elle prend la houe et
accompagne sa mère pour tous les travaux des champs.
A ce stade, sa place de « bonne » aura été occupée
par quelqu’un d’autre. Le critère de choix de
celui-ci étant bien entendu lié à son sexe, mais
aussi à l’âge.
Les femmes : soutien
de famille
Du caractère social, ce besoin en main d’œuvre
féminine s’est accentué avec la dégradation du tissu
économique qui a conduit à la paupérisation de
la population. En effet, la femme - celle vivant en
milieu urbain - a bien compris que la crise
s’installait. Elle a inventé un nouveau mode de vie
qui consiste à ne plus compter sur le salaire de son
mari. Et la voilà partout : porte-faix, revendeuse
de toutes sortes de marchandises au coin des rues.
Ainsi passent des jours, des années et des
décennies.
Quelles sont les
tâches réellement attribuées à la bonne ?
Elles sont multiples et varient selon que celle-ci
se situe au village ou en ville. Au village par
exemple, outre qu’elle doive s’occuper à longueur de
journées des enfants, la mulezi assiste sa maîtresse
dans presque tous les travaux domestiques : ramasser
du bois, puiser de l’eau, faire la lessive, chercher
de l’herbe verte (servant de tapis pour les huttes),
... En ville par contre, les bonnes sont souvent
utilisées dans des activités génératrices de revenus
: vendre des beignets, de la farine, de la braise,
de la glace ou de la bière. Ceci en plus de ses
nombreux travaux domestiques.
(source : Afrik.com) |