Le 14 janvier 2012, un enfant de 11 ans a été
retrouvé pendu à son domicile à cause d'une mauvaise note
obtenue à l'école et d'un mauvais comportement qui aurait
entraîné un « reproche familial ». Le 4 janvier, c’est une
adolescente 12 ans qui s'était donné la mort avec le fusil
de chasse de son père dans le Pas-de-Calais. Dans le Nord,
c’est une adolescente de 14 ans qui s’est pendue et une
autre qui a tenté de suicider dans le Lot-et-Garonne.
L’actualité n’en finit pas d’égrainer ces drames horribles
qui laissent sans voix et dans un grand désarroi les
adultes.
En septembre dernier, un rapport présenté au gouvernement
par le psychiatre Boris Cyrulnik, indiquait qu’il avait sans
doute davantage de suicides d'enfants que les statistiques
ne le laissent penser car certains décès, considérés comme
accidentels, s'assimilent à une forme de suicide.
Quarante
enfants âgés de 5 à 14 ans sont décédés par suicide en
France en 2010 selon l'Inserm
(derniers chiffres disponibles). L'Inserm ne compte aucun
suicide chez les enfants de moins de 5 ans.
Heureusement, les suicides aboutis sont rares chez les 5-12
ans mais ils sont certainement plus fréquents car les
chiffres ne parlent que des suicides évidents. « Le cumul
des événements qui déclenchent l'acte suicidaire résulte
d'une cascade de déchirures invisibles, d'une convergence
d'événements de nature différente, qui peuvent être un deuil
précoce, un conflit entre les parents, des maltraitances,
l'absence d'un univers sécurisant à la maison, le
harcèlement à l'école » expliquait alors le médecin.
Chez les jeunes adolescents, le suicide est, derrière les
accidents de la route, la seconde cause de mortalité. Selon
une étude de l’INSERM, 8% des filles et 5% des garçons font
une tentative de suicide à l’adolescence. On compte environ
un décès pour 80 tentatives.
Chez les garçons, la mortalité est deux fois plus importante
: ils choisissent, dans la grande majorité des cas, des
moyens plus violents et radicaux, comme la pendaison ou les
armes à feu. Les filles privilégient les intoxications
médicamenteuses ou la phlébotomie (elles se coupent les
veines). C’est notamment le cas des jeunes homosexuels qui
se trouvent fréquemment dans des situations d'isolement,
craignant la réactions de leurs parents et de leurs amis.
D’autres subissent tant de brimades et de moqueries qu’ils
finissent par ne plus le supporter.
Ces adolescents manifestent moins, par ces actes, une
volonté de mourir que l’espoir de mettre un terme à une
existence qui les fait souffrir. Ils espèrent sortir ainsi
d’une situation conflictuelle, ou qu’ils jugent sans issue,
dans laquelle ils se sentent enfermés.
Un adolescent qui fait une tentative de suicide essaie
d’attirer l’attention sur un problème qu’il ne peut plus
gérer tout seul. Ce n’est pas un renoncement mais une
revendication qui doit être entendue avec la plus grande
attention. Il doit alors être aidé et pris en considération.
Le facteur déclenchant ne doit jamais être interprété comme
la raison même de l’acte. Il n’est que l’élément d’une
accumulation de problèmes. C’est pourquoi, il est capital de
rechercher et de comprendre les causes antérieures. En ce
sens, la tentative de suicide ne doit être ni banalisée ni
occultée.
Enfin, il faut faire le distinguo avec les jeux dangereux (
non oxygénation, jeux d'attaque ou d'agression...) qui tuent
de jeunes ados, et parfois même des enfants. Mais ici les
enfants sont à la recherche de nouvelles sensations où la
mort n'est peu ou pas envisagée.
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Voir aussi les propositions du rapport Cyrulnick
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