Récemment, un jeune garçon de neuf ans et
demi a été trouvé en train de se prostituer
à Paris. Selon un rapport de la brigade des
mineurs, la prostitution des mineurs s'est
aggravée en France. Dans l'ensemble du pays,
ils seraient entre 3 000 et 8 000 à vendre
leurs corps, de plus en plus souvent venus
de l'étranger, en particulier d'Afrique ou
des pays de l'Est. Le phénomène ne cesse de
s'amplifier.
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La
question de la
prostitution des mineurs est apparue assez récemment : |
L’apparition
de la question de la prostitution des
mineurs dans le débat public français est
récente : elle émerge à partir de l’an 2000,
comme dans beaucoup d’autres pays européens.
Cette émergence est liée à l’arrivée massive
aux débuts des années 2000 de jeunes mineurs
prostitués issus d’Europe de l’Est.
L’exploitation des enfants et des
adolescents a commencé dès la naissance de
la prostitution. Elle joue depuis des
siècles sur la misère, le malheur et
l’isolement. Aujourd’hui encore la plupart
des prostitués hommes et femmes disent
qu’ils n’ont pas débuté à 18 ans et 1 jour.
C’est souvent à l’adolescence que se nouent
ces douloureux parcours. Des centaines de
jeunes Français monnaient ainsi leur corps,
de façon plus ou moins occasionnelle, pour
un peu d’argent, un peu d’égard ou un peu
plus de souffrance. La plupart n’ont plus de
famille. Beaucoup aussi ont été abusés tout
petits, placés dans des foyers desquels ils
se sont enfuis.
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Qui
sont-ils ? : |
Les Filles
viennent principalement d'Albanie, du
Kosovo, d'Ukraine, de Bulgarie, de la
République Tchèque et de Russie, et les
jeunes africaines de Sierra Léone, du
Nigeria, du Ghana, du Cameroun.
Les garçons sont surtout des Roumains, des
Marocains et des Algériens. Ils sont aussi
Français, le plus souvent issus de
l'immigration. Mais les associations de
terrains observe à peu près autant de
français que d'étrangers, et autant de
filles que de garçons. Par exemple, à Paris,
il y a 400 jeunes français qui passent
l'année sur une place parisienne et autant
de jeunes étrangers.
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Quel âge
ont-ils ? : |
Pour la
plupart entre 15 et 18 ans. Mais
certains(es) sont encore plus jeunes. On
rencontre parfois des filles et des garçons
à peine âgés de 10 ans.
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Où
sont-ils ? : |
Bien
évidemment aucun lieu ne sera indiqué ici
afin de ne pas fournir de clefs à ceux qui
profitent de la misère de ces enfants. Cette
prostitution obéit à un micro-marché
organisé par quartier, par rue ou par place.
C'est donc un paysage très mouvant qui
change vite. Au dire des associations, les
enfants sont "mignons", "propres sur eux",
habillés pour appâter le client, même s'ils
logent dans des hôtels minables. Les
"julots" (macs) les déposent en camionnette
dans les lieux choisis des villes et restent
à proximité. Le plus souvent, les enfants se
prostituent dans la rue, à la sauvette pour
20 € la fellation ou 50 € la passe dans une
voiture. La prostitution en studio, avec le
portable et la liste des habitués existe
également mais elle est plus rare. En fait,
beaucoup d'enfant se retrouvent sur le
trottoir, à "l'abattage".
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Comment
arrivent-ils là ? : |
Beaucoup
cherchent à fuir les difficultés économiques
ou politiques de leur pays et se présentent
au frontières pour demander l'asile. Des
filières s'organisent autour de la traite
des êtres humains, jusqu'aux mafias des pays
de l'Est qui s'emparent d'un marché
international du sexe devenu presque aussi
lucratif que la drogue. Les associations
décrivent par exemple, la filière des "mamas"
qui recrutent les jeunes filles, leur
procurent un visa et les expédient par
avion, tandis que les "anciennes" gèrent en
France, ces nouvelles recrues qui doivent
rembourser les dettes occasionnées par le
voyage à leur "mama". les mineurs français,
eux, sont plus souvent isolés, des enfants
en rupture familiale, des petits délinquants
qui n'ont pas d'autres choix que de prendre
cette activité pour trouver des ressources.
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Comment
lutter contre la prostitution des
enfants ? : |
Ce
trafic, largement nié jusqu'ici, malgré son
développement effarant ces quatre dernières
années, est tel que le gouvernement français
se décide à annoncer des mesures inédites
pour porter un coup d'arrêt à l'exploitation
sexuelle des mineurs. L'idée est de frapper
directement les clients et de colmater les
failles du code pénal : une infraction
spécifique a été créée, afin de permettre
les poursuites des clients de prostitués(es)
mineurs(es) de plus de 15 ans.
Un nouvel article complète donc le Code
pénal, élargissant à 18 ans les mesures de
protection. Il est libellé comme suit :
" Toute atteinte sexuelle exercée sans
violence, contrainte, menace ni surprise en
contrepartie d'une rémunération sur la
personne d'un mineur est punie de 10 ans
d'emprisonnement et 200 000 € (1,3 millions
de francs) d'amende.". Une mesure claire et
radicale qui prive au passage les clients de
leurs arguments les plus courants : il ne
leur sera plus possible d'invoquer leur
ignorance de l'âge de la(le) prostitué(e),
ni même le fait d'avoir été induit en
erreur. Un outil donc qui s'applique aussi
au tourisme sexuel.
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