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L’intégration vise tout d’abord à favoriser l’insertion
sociale de l’enfant handicapé en le plaçant le plus tôt
possible, dans un milieu ordinaire où il puisse développer
sa personnalité et faire accepter sa différence. Elle lui
permet enfin de bénéficier dans de meilleures conditions,
d’une formation générale et professionnelle favorisant
l’autonomie individuelle, l’accès au monde du travail et la
participation sociale " tel est le préambule du volet
handicap de la loi de février 2005 pour l’égalité des droits
et des chances.
Or, le
processus de scolarisation des élèves handicapés demeure
difficile car on observe trop souvent des discontinuités
dans le passage d’un niveau de scolarité à un autre. En
outre, les modalités d’intégration sont offertes de manière
très inégale sur l’ensemble du territoire. Pour un trop
grand nombre de familles, cela suppose des démarches longues
et éprouvantes.
Pourtant, la loi de février 2005 pour l’égalité des droits
et des chances, la participation et la citoyenneté des
personnes handicapées constitue une réelle avancée en faveur
de l’insertion scolaire des enfants en spécifiant que "tout
enfant ou tout adolescent présentant un handicap ou trouble
invalidant de la santé" doit être " inscrit dans l’école
la plus proche de son domicile, ce qui constituera son
établissement de référence".
Ainsi,
l’année dernière sur 250 000 enfants handicapés plus de 100
000 furent scolarisés en classes ordinaires : environ 65 000
dans le primaire et 37 500 dans le secondaire.
Cependant, scolariser un enfant handicapé dans les
conditions actuelles de l’école publique, c’est-à-dire sans
concevoir de protocole d’accueil réellement adapté, est
souvent synonyme d’échec. Le cadre législatif est enfin posé
mais sur le terrain, c’est une autre histoire...
En
effet, la majorité des établissements scolaires s’est
trouvée dans l’incapacité de mettre en place une projet
individuel et c’est ainsi qu’en 2015 , 88% des familles
ayant demandé l’inscription de leur enfant handicapé (mental
ou moteur) dans un établissement scolaire "traditionnel" ont
vu leur demande rejetée.
D’autre
part, la majorité des enseignants ne sont pas formés au
handicap, rien d’étonnant à cela, ce n’est pas leur métier.
Il faut donc des personnes ayant une formation qualifiée
pour assurer le suivi des enfants qui en ont besoin. C’est
le rôle des auxiliaires de vie (AVS) : faciliter au sein de
l’école, la scolarité des enfants handicapés en leur donnant
un accompagnement spécifique individuel. Malheureusement le
nombre de poste de ce type est encore insuffisant : à la
rentrée 2015, le ministère de l’Education nationale
finançait 6 133 postes d’AVS, accompagnant 65 203 élèves,
soit un auxiliaire pour 11 enfants...
Ainsi,
faute de moyens, les enfants présentant un handicap sont
donc encore bien souvent redirigés vers des établissements
spécialisés malgré leur inscription en milieu ordinaire.
L’adaptation de l’école publique ne s’impose pas, elle se
prépare.
Pourtant, le bénéfice qui pouvait être attendu de
l’insertion des enfants et adolescents handicapés en milieu
scolaire ordinaire est indéniable, dès lors que cette
intégration est soutenue et accompagnée à la mesure des
besoins de l’élève, en particulier grâce à l’intervention
des services d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD).
L’élève
handicapé en milieu scolaire normal améliore ainsi
considérablement ses chances de développer des
apprentissages et de réussir ultérieurement son insertion
sociale et professionnelle. De plus, pour l’établissement
qui l’accueille, les effets positifs sont largement
partagés, puisque ce sont tous les élèves qui font, en
actes, l’apprentissage de la solidarité et de la
citoyenneté.
Bref,
malgré les bonnes intentions et un cadre législatif
approprié, l’insertion des enfants handicapés en milieu
scolaire reste un long chemin semé d’embûches.
(source :
Handicap international) |